En défense des "Circuit Gays" :
« Il n'y a que les gens superficiels qui ne jugent pas sur les apparences » -Oscar Wilde
Les Circuit Gays ont peut-être besoin d'une lettre à eux dans l'acronyme LGBTQIA+ (ou 2SLGBTQ+, que Blaire White appelle la communauté « mot de passe wifi »), car ils se sont récemment heurtés aux organisateurs d'un événement « Queer » connu sous le nom d'Adonis.
Adonis, figure grecque de la beauté masculine, serait pourtant en ébullition sur l'Olympe s'il savait que son nom a été accolé à une soirée stupide. Bien qu'il se veuille radicalement inclusif, Adonis est tout sauf cela. Il semblerait que des participants potentiels se soient vu refuser l'entrée parce qu'ils étaient trop « basiques ». Le drame qui s'en est suivi, pour lequel we’re living for, a en effet mis en lumière le schisme idéologique plus large entre les communautés LGB et TQ+.
La controverse entre la communauté Queer et les garçons du circuit met en lumière un désaccord plus large entre deux paradigmes esthétiques concurrents. Je soutiens que les jugements humains sur la beauté sont en grande partie déterminés biologiquement et qu'ils ont été exprimés à travers les cultures et les époques, mais surtout à travers de l'idéal de beauté masculine de l'Antiquité classique.
Pourquoi alors la communauté « Queer », dans sa pulsion de mort visant à déconstruire la beauté, finit-elle par promouvoir la laideur ? Parés de piercings ou tatoués, les « Queers » adoptent des modifications corporelles extrêmes, allant jusqu'à l'autodestruction (ou la mutilation sexuelle). Dans son article « Pride Can't Be Reclaimed », publié sur le site The Bellows, Isaac Peifer affirme que la communauté « Queer » n'est pas si profonde. L'idéologie Queer : « s'imagine spécieusement en opposition au capital, bien qu'en fait elle ne puisse offrir qu'une esthétique concurrente, c'est-à-dire Brooklyn au Manhattan de l'autre. L'homosexualité, par son éthique vertueuse d'inclusion radicale, se révèle être, essentiellement, rien de particulier. (N'importe qui, délibérément ou non, peut être Queer) ».
Si le terme « Queer » est indéfinissable, nous pouvons au moins définir les « Circuit Boys ». Un Circuit Boy est un homosexuel souvent musclé qui participe à d'énormes et coûteuses fêtes de circuit dans de nombreuses destinations populaires telles que Barcelone, Sitges, Fire Island et Mykonos.
Les Circuit Boys, refusés à l'entrée, se sont emparés de leurs claviers, hurlant à l'ironie d'un événement prétendument « inclusif » refusant du monde à l'entrée. Les organisateurs de l'événement Adonis ont redoublé d’efforts, montrant ainsi leur vrai visage.

La réponse d'Adonis est révélatrice et alimente le drame. Il leur demande de « réfléchir à leur sens du droit » et les invite à revoir leur attitude, afin de ne pas mettre les Queers « mal à l'aise ».
Sacrebleu ! le grand crime de rendre les personnes « Queer » « mal à l'aise ». Notez les shots fired sur le « circuit gay » et le jargon : privilège masculin, masculinité toxique. D'autres mots à la mode incluent : corps, identité, espace, inconfortable, domination, unpack, famille choisie, etc.
Quelqu'un leur a tendu une pelle, et la meuf, elle a continué à creuser !
Le sentiment anti-circuit boy est clairement exprimé dans un commentaire du compte Instagram @adonis.adonis.adonis qui, pour jeter de l'huile sur le feu, ajoute : « Vous êtes une honte pour les hommes gays et devriez avoir honte de vous-mêmes » accompagné du trop dramatique hashtag #nolgbwithoutthet.
Dalston Superstoned, une page Instagram gérée conjointement avec la page d'Adonis, a posté une lettre, avec le slogan : « Trop iconique ». Shay est vraisemblablement le DJ qui a fondé et qui dirige Adonis. La lettre commence par: « Hi Circuit Queen », et dégénère rapidement en un discours décousu. Il défend son safe space, le « music led, queer, alternative, underground, family vibe of Adonis... » qui est pour « ...les personnes queer qui ne se sentent pas à l'aise dans les scènes plus conventionnelles ». Il invite ensuite les basic gays, les circuit gays, à se rendre dans d'autres lieux à Londres. Nous avons tous entendu parler de marcher sur des œufs, mais qui veut aller danser dessus ?
Dans un prétendu échange entre une reine du circuit mécontente et le même compte Instagram @adonis.adonis.adonis, elles écrivent : « nous sommes envahis par des groupes de mecs odieux, ayant droit et vacuité, qui prennent la place des gens pour qui la fête est faite ».
Eh bien, elle souffle ! (Là, elle souffle !)
Le moment est venu ! Nous devons défendre les Gays, qui sont odieux, entitled, et creux ! Nous devons exiger que la lettre C, pour Circuit Queen, soit ajoutée à l'acronyme LGBTQ ! Peut-être ajouter un B pour toutes les Basic Bitches que nous sommes !
La philosophe lesbienne Camille Paglia est un fervent défenseur de l'homme, de l'homosexualité et de la beauté divine de la forme masculine, depuis l'Antiquité jusqu'à aujourd'hui, en passant par la Renaissance. Dans son livre Sexual Personæ, publié en 1990, elle écrit : « La mystique de la femme fatale ne peut être parfaitement traduite en termes masculins. Je parlerai longuement du beau garçon, l'une des personnalités sexuelles les plus étonnantes de l'Occident. Cependant, le danger de l'homme fatal, tel qu'il est incarné par l'arnaqueur masculin d'aujourd'hui, est qu'il s'en va, disparaissant vers d'autres amours, d'autres contrées. C'est un vagabond, un cow-boy et un marin ». (p. 15, Sexual Personæ, Camille Paglia, 1990)
En outre, dans son article Where Gay Boys Come From, Camille Paglia affirme que le regard masculin est également une forme d'admiration, que les hommes gays pratiquent depuis longtemps : « C'est une forme d'admiration. La belle personne doit être admirée et mise sur un piédestal. Un beau jeune homme dans un bar gay est comme un être supérieur. Dans The Portrait of Dorian Gray, Oscar Wilde a créé un jeune homme d'une beauté électrisante. Les Grecs connaissaient aussi cet être : c'est ce que représentent les sculptures de kouros ». (The Best of The Harvard Gay & Lesbian Review, 1997, avant-propos d'Edmund White, édité par Richard Schneider, Jr.)

Le beau Dorian Gray d'Oscar Wilde porte également une accusation morale de vanité excessive, son portrait vieillissant en même temps que son égocentrisme croissant. Wilde lui-même regrettait de terminer son roman de cette façon, la qualifiant de « terrible morale » de la fin, d'« erreur artistique », de « seule erreur du livre » : « terrible morale » de la fin «une erreur artistique», «la seule erreur du livre» (page 515, Sexual Personæ, Camille Paglia). Si l'homosexualité masculine possède un regard masculin, celui-ci est doublé, comme Narcisse regardant son propre reflet. La question de savoir si je veux être toi ou si je veux être à l'intérieur de toi est un dilemme propre à l'homosexualité masculine. L'estime de soi de l'homme gay est fragile, en dépit de ses exercices physiques ardents ou de son physique olympien. De même que l'excitation masculine monte en flèche, une névrose rongeante peut aussi la faire flétrir. En effet, la comparaison peut être le voleur de joie (et le plus grand tueur de l’excitation).
La phrase « La beauté est dans l'œil de celui qui regarde » est devenue un cliché pour une bonne raison. Le sentiment incarné par cette phrase est que la beauté est subjective. Je soutiens qu'il s'agit d'un mélange d'objectif et de subjectif. L'idée que l'intérêt sexuel ne peut être hiérarchisé relève au mieux de la sentimentalité romantique et au pire de l'illusion. La beauté est en partie déterminée biologiquement. D'après une étude intitulée The Evolutionary Psychology of Facial Beauty (La psychologie évolutive de la beauté faciale), réalisée par Gillian Rhodes, la qualité des partenaires dans les différentes cultures est déterminée par la moyenne, la symétrie et le dimorphisme sexuel.
La conception classique de la beauté, vue par Platon et Aristote, soutient l'idée que la beauté est objective : « un arrangement de parties intégrantes en un tout cohérent, selon la proportion, l'harmonie, et la symétrie ». (Stanford Encyclopedia of Philosophy : Beauty)
La conception idéaliste de la beauté est tirée du Symposium de Platon, dans lequel Socrate relate les enseignements de son professeur Diotima : « Ensuite, il doit comprendre que les beautés du corps ne sont rien comparées aux beautés de l'âme, de sorte que partout où il rencontre une beauté spirituelle, même dans l'enveloppe d'un corps mal aimé, il la trouve assez belle pour en tomber amoureux et la chérir, et assez belle pour faire naître dans son cœur le désir d'un discours qui tende à l'édification d'une noble nature. » (Platon, Symposium)
La politisation fébrile de la beauté date d'avant les frasques “Queer” contemporaines. Les révolutionnaires français ont critiqué l'art rococo, le marxisme s'est parfois méfié de l'art parce qu'il soutenait la superstructure idéologique de la bourgeoisie, et les critiques post-coloniaux et féministes ont abordé de la question de la beauté, comme L’Orientalisme par Edward Saïd (1978) et Quand la beauté fait mal de Naomi Wolf (1990). Camille Paglia et Naomi Wolf ont eu un débat télévisé sur la beauté en 1991. La politisation de la beauté par la théorie queer est encore une intellectualisation qui vient interférer avec l'expérience esthétique de la beauté.
Les excès contemporains dans la poursuite de la beauté justifient le discours féministe sur le fait que « Pretty Hurts » (Beyonce). Il existe en effet des excès dans les paradigmes queer et classique de la beauté, s'ils sont poussés trop loin. Le rythme effréné de la culture populaire moderne a amplifié la recherche de la beauté à outrance. À l'instar de Pygmalion, qui a façonné la femme idéale à partir d'argile et en est tombé amoureux, les transgenristes se taillent des rubans chirgicalement et ils tombent amoureux de leur image miroir. Prométhée, qui a façonné le premier homme à partir d'argile et lui a donné le feu, inspire le sous-titre prudent du roman romantique de Mary Shelley, paru en 1818, Frankenstein: Le Prométhée Moderne. Le roman transhumaniste Frankissstein de Jeanette Winterson aborde aussi cette question. La recherche de la beauté, grâce aux progrès techniques et à la chirurgie plastique moderne, a créé des monstres.
Qu'il soit transgenriste ou Gym Bunny, le mouvement LGBT est simplement devenu un marché, et la marche des fierté « une exposition commerciale estivale ». Comment les entreprises pourraient continuer à tirer profit d'une communauté qui a déjà atteint l'égalité des droits ? J'ai déjà écrit sur les dangers du T, en particulier chez les jeunes, dans un essai précédent. Aux transgenristes, les entreprises vendent des hormones et des mutilations sexuelles à un prix élevé, et aux “Circuit Boys” : des abonnements à des salles de sport, des voyages coûteux, et des stéroïdes. Le pire scénario pour un mec qui utilise des stéroïdes, en faisant du blasting and cruising, c’est qu’il pourrait faire exploser son système endocrinien, nécessitant un traitement hormonal substitutif à vie. C'est objectivement pire pour une femme qui utilise de la testostérone, surtout si elle se fait enlever l'utérus et les ovaires, car cela déclenche une ménopause précoce ; elle risque la démence, l'ostéoporose et l'atrophie vaginale. Pour les adolescentes, les blogs pro-anorexie des années 2000 se sont transformés en les tiktoks d’automutilation de “genre” de nos jours. Dans tous ces cas, tu es Prométhée, ton corps est de l'argile, et la boîte de Pandora est ouverte.
Malgré ces excès, la recherche de la beauté reste un objectif louable. En promouvant les conceptions classiques de la beauté et en reconnaissant les mécanismes biologiques qui les sous-tendent, nous défendons un paradigme esthétique qui mérite notre attention.
Comme l'a dit Oscar Wilde : « De nos jours, les fripons ont l'air si honnêtes que les honnêtes gens sont obligés de ressembler à des fripons pour se différencier ». (Les épigrammes d'Oscar Wilde)
Dans un monde où les gens alternatifs sont devenus aussi moralisateurs, il est grand temps de revenir aux basiques.

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